Article N° 8155

HERPES - ZONA - MALADIE D'ALZHEIMER

Prévenir ou traiter l’herpès : une piste prometteuse contre la démence ?

Abderrahim Derraji - 06 août 2025 11:45

Les infections par des virus herpétiques courants, notamment le virus de l’herpès simplex de type 1 (HSV-1) et le virus varicelle-zona (VZV), pourraient jouer un rôle sous-estimé dans le développement de la démence, notamment la maladie d’Alzheimer (MA). Des recherches de plus en plus nombreuses suggèrent une association entre ces virus et un risque accru de déclin cognitif.
 

La professeure Ruth Itzhaki [1], pionnière dans ce domaine, a découvert de l’ADN du HSV-1 dans le cerveau de patients atteints d’Alzheimer, particulièrement chez les porteurs du gène APOE ε4, connu pour augmenter le risque de MA. Le virus pourrait agir en synergie avec ce gène, réveillant une vulnérabilité génétique. Des études cellulaires ont montré que le HSV-1 peut induire l’accumulation de bêta-amyloïde et de protéine tau phosphorylée, deux marqueurs clés de la MA.
 

Tous les virus herpétiques ne sont cependant pas impliqués. HSV-1 et VZV sont les plus fortement associés au risque de démence. Le HSV-2 (herpès génital) et le cytomégalovirus n’ont pas montré de lien aussi clair. Cependant, une co-infection par HSV-1 et VZV semble accroître le risque.
 

La réactivation tardive de ces virus, notamment après une lésion cérébrale ou une immunodépression, pourrait provoquer une inflammation chronique et des dommages neuronaux progressifs. Ce processus, discret mais cumulatif, ferait des virus herpétiques des « moteurs silencieux » de la neurodégénérescence.
 

Du côté de la prévention, certaines études sont prometteuses. Une cohorte taïwanaise a montré que les antiviraux réduisaient de 90 % le risque de démence chez les patients atteints de HSV-1. Une vaste étude britannique a, quant à elle, établi que la vaccination contre le zona réduisait de 20 % le risque de développer une démence sur 7 ans.
 

Néanmoins, les essais cliniques restent mitigés : l’étude VALAD n’a pas démontré d’effet significatif du valacyclovir sur l’évolution de la MA. Ainsi, s’il est encore trop tôt pour recommander un traitement antiviral préventif généralisé, les chercheurs comme le Dr Shaheen Lakhan soulignent l’intérêt de vacciner contre le zona et de traiter activement les poussées d’herpès, en particulier chez les patients à haut risque génétique.
 

En conclusion, bien que le lien entre herpès et démence ne soit pas encore définitivement établi, il devient suffisamment solide pour inciter à des mesures préventives ciblées. La suppression virale pourrait devenir un axe important dans la protection de la santé cérébrale à long terme.

[1]   Visiting Professorial Fellow à l’Oxford Institute of Population Ageing (Université d’Oxford) et professeure émérite à l’Université de Manchester

Source : Megan Brooks, Can Preventing, Treating Herpes Reduce Dementia Risk?, Medscape Medical News, 4 août 2025.